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Le syndrome de l’imposteur

Rédigé par Brigitte Roujol

Vous avez jusqu’à maintenant plutôt bien réussi ? Pour l’instant, on vante vos talents, vos compétences ? Mais intérieurement, vous êtes persuadé(e) que vous ne méritez pas ces louanges ? Et vous craignez à tout moment d'être découvert(e), qu'"ils" réalisent que vous n'êtes pas aussi brillant(e) ou compétent(e) qu'"ils" le croient ?




Votre auto-diagnostic critique recouvre plusieurs possibilités…

Soit vous avez effectivement atteint le seuil de Peter, votre niveau d’incompétence… Votre incompétence, votre « nullité » mériterait donc d’être démasquée au plus tôt pour que vous laissiez votre poste à quelqu’un de véritablement compétent.

Soit vous souffrez tout simplement du syndrome de l’imposteur.

Mais comment savoir ?

Nous avons déjà décrit dans un précédent article le principe de Peter. Attardons-nous sur le syndrome de l’imposteur.



Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?

L’imposteur est celui qui "usurpe le nom, la qualité d’un autre" (Petit Robert, 1990).

La personne souffrant du syndrome de l’imposteur a du mal à s'attribuer les mérites de sa réussite : elle pense avoir réussi par sa seule "volonté besogneuse" ou par la chance, et non par son intelligence ou son talent. Elle pense du coup que tôt ou tard elle sera démasquée.



Un exemple : le sentiment de mystification d’Antoine de Caunes

Antoine de Caunes, vous connaissez ? Oui, celui qui a été longtemps le pilier de l’émission télé « Nulle part ailleurs » sur Canal +, l’auteur de deux polars « C’est chaud » et « C’est beau mais c’est triste », le comédien et le réalisateur, bref, celui qui réussit tout….

Il confie pourtant en janvier 2005 à la revue Psychologies :

« J’ai toujours eu un profond sentiment de mystification. J’ai l’impression que les gens se trompent sur moi, qu’ils m’estiment assez compétent pour faire des choses qui me foutent une trouille terrible, que ce soit à la télévision ou au cinéma. Je prends ça comme un défi, même si j’ai toujours peur que le pot-aux-roses soit découvert ».



Autres témoignages d’ "imposteurs"

En surfant sur le web, vous trouverez d’autres témoignages de personnes ayant réussi dans leurs domaines mais persuadées d’usurper leur succès.

Sylvie Lussier, auteur québécoise, raconte dans un article sous forme d’auto-dérision comment elle court derrière son estime de soi, ne se reconnaissant pas comme auteur.

--> Source externe : accès au témoignage de Sylvie Lussier


Réal Laperrière, un pédopsychiatre québécois confronté à un cas difficile en relation d’aide, parle de sa peur d’être démasqué et que son incompétence en tant que psychothérapeute apparaisse au grand jour.

--> Source externe: Le témoignage de Réal Laperrière


Une anglaise, pourtant de langue maternelle anglaise, exprimait en janvier 2005 sur son blog personnel ses doutes quant à ses compétences à enseigner l’anglais !

« Ce soir, j'ai le moral dans les chaussettes. A cause d'une conversation téléphonique avec mon employeur. Une petite erreur de rien du tout, mais qui a fait ressurgir plein de sentiments douloureux. J'en ai pleuré dans mon assiette.

Le fameux syndrome de l'imposteur. Je ne me sens pas compétente dans mon emploi. J'ai envie de tout envoyer balader.

J'aime ce que je fais. Mais je ne suis pas à ma place. Il y a tromperie sur la marchandise. Et je n'aime pas tromper tous ces gens qui me font confiance pour apprendre la langue de Shakespeare.

Je suis anglaise, cela fait partie de mon identité. J'aime lire et parler en anglais. Mais je ne suis plus "fluent" : mon anglais n'est plus fluide. C'est quelque chose que j'ai perdu à jamais. Une partie de moi que j'ai perdue en chemin. »


--> Source externe : Son témoignage



Est-ce dû à une culture européenne invitant à la modestie ?

Face à la réussite et aux félicitations, la culture européenne nous invite à la modestie, à l'opposée de la mentalité nord-américaine. Du coup, nous tendrions à limiter, généraliser, dévaloriser nos performances. Nous chercherions à nous faire accepter en étant plutôt modeste que vantard.



Comment savoir si vous souffrez du syndrome de l’imposteur ou si vous avez atteint votre seuil d’incompétence ?


Personnellement, j’ai l’impression que ceux qui atteignent le seuil de Peter ne s’en rendent tout bonnement pas compte !

Si vous croyez avoir dépassé votre seuil d’incompétences, vous êtes donc beaucoup plus probablement un bon professionnel tout à fait compétent qui souffre du syndrome de l’imposteur !



Le syndrome de l’imposteur est lié à l’estime de soi

Votre réaction au succès est un assez bon test de votre niveau d'estime de vous-même.

Une personne qui a une bonne estime d’elle-même va accepter les succès qu’elle estime mériter, sans se réjouir de manière disproportionnée, sans se griser ou sans s'en vanter.

La personne à faible estime de soi va être angoissée par le succès. Elle aura le sentiment que ce succès n'est pas mérité et que cela se saura bientôt, ce succès ne peut pas durer et plus dure sera la chute !



Des sentiments douloureux qui ressurgissent

L’anglaise qui doute de ses compétences à enseigner nous indique que ce sentiment de mystification est très souvent lié au passé de la personne :

« Une petite erreur de rien du tout, mais qui a fait ressurgir plein de sentiments douloureux. »

Cela peut par exemple être lié à un parent critique ou compétitif, qui font apparaître les succès de l’enfant devenu adulte comme des échecs :

"J'obtiens énormément de reconnaissance dans mon travail. Les gens m'aiment et je peux gérer tout se qui se passe. Pourtant, j'entends toujours mon père me dire : 'Tu n'es qu'un menteur.' L'inquiétude et la honte sont juste derrière la reconnaissance."

"J'ai fait un beau mariage et j'ai eu deux filles magnifiques. J'ai gagné un prix littéraire prestigieux, mais quelque chose n'allait pas à l'intérieur J'entendais la voix de ma mère me dire : "Tu les bluffes."

Le succès et l’échec sont associés de façon très étroite. La PNL, programmation-neuro-linguistique parlerait d’ancrage négatif qui se réactive dès qu’il y a réussite.




Des promotions qui peuvent déstabiliser

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, obtenir une promotion ne suscite pas que des satisfactions. Les nominations peuvent également être source de stress.

Et c’est souvent à ces moments-là que le syndrome de l’imposteur risque d’avoir des conséquences négatives pour la personne promue et son entreprise. Cela va de l’altération des processus de la pensée jusqu’au cas extrême, l’effondrement intérieur.



Que faire ?

Un coaching de prise de poste peut tout à fait être pertinent si vous êtes confronté lors d'une prise de poste à une angoisse liée au syndrome de l'imposteur.

Cette prestation peut être prise en charge par l'entreprise dans un contexte de promotion ou de fort enjeu.

Certains cadres n'hésitent pas à se financer un accompagnement sur leurs deniers personnels.


Pour en savoir plus :

Le Complexe d’imposture
ou comment surmonter la peur qui mine votre réussite
par Pauline Rose Clance, éditions Flammarion



Auteur de l'article : Brigitte Roujol
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Brigitte Roujol accompagne régulièrement des cadres dans un contexte de prise de poste (coaching de prise de poste).

Brigitte Roujol anime le réseau de consultants www.coachingavenue.com



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